Maë Sørtiann || Liens & RPs

I. Roots : Si je suis née à Eilift, il faut savoir que mes parents n'y restèrent que très peu de temps. En fait, nous sommes partis l'année suivante, pour Isvann la capitale. Peut-être que ce fut cette première expédition qui me donna par la suite et inconsciemment le goût du voyage, car je ne garde aucun souvenir de ce périple. Mon père, Dòmhnall Sørtiann, n'avoua jamais les véritables raisons de cette traversée qui s'était avérée aussi dangereuse que fastidieuse. Mais son unique prétexte convint à ma mère alors il contenta tout le monde : le petit village pourtant paisible ne saurait satisfaire sa petite Maë qui dans le langage courant, signifiait la princesse.

II. Bloodline : On disait de Dòmhnall Sørtiann qu'il n'était pas un mauvais bougre. Soit, ses idées n'étaient pas brillantes au point d'éclairer la ville mais il avait toujours su se rendre utile et n'était pas en reste lorsqu'il s'agissait d'aider son prochain. C'était un brave homme et un adroit constructeur de bateaux. D'ailleurs, il a rapidement su se faire une petite réputation au sein d'Isvann, une fois proprement établi et son expertise était maintenant reconnue.
Comme la plupart des gens de cette région, il avait reçu des dons élémentaires, relatifs à l'Eau ce qui l'avait considérablement aidé dans sa manufacture.
Mais contre toute attente, ce fut avec ma mère qu'il décida de se marier. Elle n'était pas d'ici, elle avait posé le pied là sur les terres gelées et sans doute serait-elle repartie par le premier navire si elle n'avait rencontré mon père. Breena 'aux cheveux d'or' -c'était son nom- était dotée des secrets de l'Air, typiques de son peuple issus des larges collines verdoyantes. Ce fut ces  mêmes dons que je reçu à mon tour, dénotant avec la tradition locale.

III. Childhood : Encore une fois ! intimais-je en tirant la manche de mon père. Celui-ci fit mine de ronchonner puis me porta sans ménagement en-travers de ses épaules avant de remonter la douce pente derrière la maisonnée. Une fois en haut je sautillais un bref instant, ravie, avant de poser une nouvelle fois mon séant sur la planche incurvée spécialement taillée pour moi. Puis ni une ni deux, je dévalais à toute allure en glissant sur la neige encore cotonneuse sous des cris de liesse.
Encore une fois ? réclamais-je arrivée en bas, avec un sourire angélique, à mon papa qui ne pouvait rien me refuser.

IV. Golden Era : Si Isvann nous avait semblé grand à notre arrivée, nous y étions maintenant bien intégré. La maison s'était vue agrémentée et embellie car le commercer de mon père marchait bien. Même le Roi Zueli lui a commandé un beau bateau pour aller de l'autre côté de l'eau ! fis-je avec emphase et fierté à mes camarades. C'était vrai : la finesse et la rapidité des ouvrages Sørtiann avaient fini par attirer l'attention et les bonnes faveurs des familles les plus aisées et effectivement à terme, de la monarchie elle-même.
Maman était tellement contente, et moi aussi ! Et même qu'elle me laissait regarder. J'aimais bien voir les navire prendre forme petit à petit, aucun n'était jamais vraiment pareil, ils étaient tous uniques. Et même que des fois, j'avais le droit d'aider et je tressais les filets ou les cordages parce que mon père disait que 'les petits doigts agiles de princesse faisaient les nœuds les plus jolis de toute la baie'.

V. Mistake : Puis un jour, notre quotidien se tapissa de noir. Brusquement, sans prévenir. C'était à croire que nous étions privés des doux rayons d'Adrastea pour toujours et que les ténèbres n'en finirait jamais. Il y eu un orage ce jour-là, qui donna naissance à une tempête. Je n'avais pas peur parce que ça arrivait souvent et puis mes parents m'avaient dit que c'était parce que le Ciel s'était disputé avec la Mer et que bientôt ils allaient se réconcilier, parce que malgré tout ils s'aiment beaucoup. Un peu comme quand j'étais en colère lorsque  j'étais obligée d'enfiler ma tunique en yak : elle me grattait mais au bout d'un moment, j'oubliais et je grognais moins. Là c'était pareil, les grondements finirent par s'estomper et le ciel reprit quelques nuances plus claires.
Peu de temps après, on vint frapper à la porte. La milice royale, convoquant le constructeur de bateaux à comparaître à la cour. Le bastion marchand avait coulé, emportant avec lui l'intégralité des richesses à bord et laissant de très nombreuses familles en deuil. Une perte considérable mise sur le dos du pauvre Sørtiann qui n'avait su fournir un navire assez robuste pour éprouver cette tempête. On réclama une compensation, bien trop large pour pouvoir être comblée par la famille. Alors, on réclama autre chose...

VI. Tribute : Cette autre chose, c'était moi. Pourtant, je ne savais faire grand-chose, même si mes résultats étaient en général corrects. Peut-être était-ce à cause du fait que je détenais le record du plus grand nombre de ricochets ? Oui alors parce que je sifflais plus aiguë que tout le monde ? Quoiqu'il en fut, la décision du roi Aidhel Zueli surprit tout le monde : quelle serait l'utilité de la seule fille Sørtiann, âgée d'à peine onze ans ? Ce serait sans doute quelque chose de très mauvais parce que je vis des traînées humides couler des yeux de ma mère.
Mon père hocha la tête à l'affirmative avant de plier le genou. Ils sortirent et moi, je restais là pour qu'on m'explique, avec des mots simples.
Puisqu'un litige avait été commis contre la couronne, et qu'aucune compensation financière satisfaisante n'est en mesure de réparer cela, j'allais devoir m'acquitter de cette dette. Pour garder leurs biens, mon père venait de me prêter à sa Majesté (c'est ainsi qu'on me présenta la chose à l'époque) et ce, jusqu'à ma majorité. En vertu de mes rares pouvoir issus de l'Air, qui demeurent peu fréquents dans la contrée, j'étais au service du roi et mon devoir allait à désormais à la sécurité de sa flotte. Puisque bon nombre avaient péri par la mer, ma tâche serait alors de guider les prochains drakkars royaux, en m'assurant que les houles leur soient favorables pour qu'aucun drame de cette envergure ne se reproduise jamais. Si j'échouais et bien...j'ai bien peur devoir m'échouer moi-même dans le ventre de l'océan...

VII. From the sea : Au début, je n'étais pas très à l'aise avec tout ceci. J'avais toujours vu des navires dans mon quotidien mais je n'avais que très rarement pris la mer. Pourtant, j'étais résolue à mener ce fardeau à bien, pour que le nom de mon père soit lavé et puisse un jour avoir une chance d'être redoré d'honneur. Bien-sûr, jelui en voulais d'avoir consenti à accepter un tel marché. Au moins, ma mère et lui ne manquaient de rien et avaient gardé un toit sur leurs tête...c'étaient à moi qu'ils manquaient. J'endurais leur absence de longues semaines, parfois plus car les travaux de mon pays étaient reconnus et nous obligeaient souvent à prendre la mer pour des ports de plus en plus lointains.
Le Roi s'était entiché de l'amour de son peuple car ses décisions étaient toujours sciemment prises et celle-ci ne faisait pas exception. S'il pensait que je pouvais être utile à ses services alors, ce devait être vrai. Aussi, je faisais mon travail en donnant le meilleurs de moi-même si bien qu'on me surnomma rapidement la rose des vents. Généralement installée à la proue, je décelais la moindre brise favorable ou l'arrangeait pour qu'elle le devienne d'une façon ou d'une autre. Si bien qu'aucun naufrage ne fut à déclarer dans toutes les traversées que je fis jusqu'à l'âge requis dans le contrat.

VIII. Grudge : Après tout ce temps, on me libéra de mes obligations. La dette était payée. J'en ressortais changée : mûrie sans aucun doute et plus éveillée. Plus aigre aussi. Je n'étais plus la petite fille qui réclamait des tour de luge. La trahison familiale avait laissé un goût plus amer que l'eau salée et j'étais maintenant parfaitement autonome, me considérant presque sans attaches. A l'image de tous ces navires où j'avais posé le pied. Une femme libre, quoique solitaire.
Néanmoins, je retournais brièvement parmi les miens. Parce que je n'avais nul part où aller et parce que, mon éducation élémentaire ayant été mise à mal à cause de tous ces voyages, je me devais au moins de terminer mon apprentissage dans les charpentes navales. Alors, je peaufinais mon tutorat auprès de mon père, à défaut de combler mes lacunes magiques. Je n'étais de toute façon, plus en âge d'aller à l'école.

IX. Escape : Mais les années passaient encore et je devais bien me rendre à l'évidence : le nom de Sørtiann de retrouvait pas d'éloge. La rancœur était tenace et les affaires n'allaient pas mieux. De temps à autre, on requérait encore les services de la rose des vents pour des trajets importants dont on voulait être sûr qu'ils soient couronnés de succès. Je le faisais de bonne grâce, moyennant finance.
Mais cette vie précaire ne me convenait plus et je sentais de jour en jour les affres du découragement s’abattre sur moi comme le blizzard de la triste saison. Et si l'unique chose dont j'avais besoin, c'était d'une nouvelle brise ?

X. Pilgrimage : L'idée germait dans ma tête et elle y resta jusqu'à ce que ma décision fut prise. J'irai à Ealdor. On dit que la vie y est frénétique, opulente, et que c'est là l'une des plus grande cité que le monde ait jamais porté. Mes services y seront sans doute mieux appréciés qu'ici où mon nom fait encore la risée des plus ignares. Le voyage sera long, c'est certain mais ma trentaine était à peine entamée, je disposais encore du temps nécessaire pour m'y rendre. Rien ne m'était compté. J'avais soif des connaissances que je n'avais pas eu, hâte d'apprendre et l'envie de faire plus que simplement décrypter le sens du vent à celui qui pouvait bien payer.
Oui c'était une nouvelle cassure, volontaire cette fois.
Je fis mes adieux à mes proches, à Ysvann. A ses odeurs, ses paysages. Je fis mes adieux à la mer et aux falaises blanches et impénétrables. Puis enfin libre de ces entraves malheureuses, je commençais mon pèlerinage.

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